LIRE/ Les ombres blanches

Le roman de la grande écrivaine Dominique Fortier, Les ombres blanches, aborde le thème de l’héritage à travers son livre qui débute après le décès de la poétesse américaine Emily Dickinson, lorsque sa soeur découvre ses milliers de poèmes griffonnés sur des bouts de papiers. Elle entreprend alors de les faire publier.

« Lavinia s’empare d’un bout de papier, le premier qui lui tombe sous les doigts, sur lequel elle déchiffre quelques mots avec peine – il lui faudrait ses lunettes – mais elle sait d’instinct, d’un coup, à la chair de poule qui hérisse la peau de ses bras, que c’est un poème, comme on sait tout de suite, en mettant sa main dans le feu, qu’on est en train de se brûler. Le bout d’enveloppe tremble entre ses doigts. Jamais papier n’a été si vivant..

Son premier réflexe est de vouloir tout remettre dans le tiroir. Frénétiquement, elle ramasse les bouts de papier, les empile et les tasse, mais c’est peine perdue : ils semblent s’être multipliés, ou alors c’est le tiroir qui est devenu plus petit. Les poèmes n’y rentrent plus, n’y rentreront plus jamais – qui a jamais réussi à faire remonter la neige dans les nuages, la lave dans le volcan, les larmes dans les yeux? »

Précédent
Précédent

Gratitude

Suivant
Suivant

Les adolescents et la santé mentale : mieux les comprendre, mieux les accompagner ?