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Ce que les animaux du Costa Rica nous apprennent sur le deuil et la nécessité de recharger nos batteries
Bonjour,
Je t’écris aujourd’hui depuis le Costa Rica, un pays où la nature est omniprésente, verte et luxuriante. En observant la faune locale, j’ai été frappée par les parallèles entre leur façon de vivre – et de survivre – et ce que nous traversons lors d’un deuil, d’une perte ou d’une transition de vie. La nature sera toujours le meilleur des professeur.
Le deuil chez les animaux : une reconnaissance de l’absence
J’ai posé mille questions, voici ce que j’ai appris : lors d’un décès, les singes hurleurs restent près du corps d’un des leurs, comme s’ils prenaient le temps d’accepter la perte. Les aras, monogames et fidèles à leur partenaire de vie, semblent errer un moment avant de retrouver un nouvel équilibre. Les cétacés nagent autour de leurs semblables disparus, comme pour accompagner leur départ.
Chez nous aussi, le deuil est une traversée marquée par la reconnaissance de l’absence. Il n’y a pas de chemin linéaire, pas de retour à « avant ». Mais il y a une adaptation, un ajustement, un mouvement lent vers un autrement. Comme ces animaux, nous avons nos propres rituels, conscients ou non, pour apprivoiser la perte.
Recharger ses batteries : une nécessité, pas un luxe
Le paresseux, sauf son respect, est beaucoup moins joli en vrai ! Il est cependant fort astucieux - couvert d’algues qui assurent sa subsistance (il en absorbe les nutriments par sa peau et en léchant ses poils), il passe ses journées à économiser son énergie. L’iguane, immobile sur une roche pendant des heures, recharge ses piles au soleil pour réguler son thermomètre interne. Le colibri, rapide, énergique et (je l’ai décidé) enjoué, entre en torpeur la nuit pour survivre à l’épuisement. Se reposer profondément n’est pas qu’une question de survie pour un être vivant, c’est une question d’équilibre. La nature sait prendre un pause. Elle sait exister simplement pour le fait d’exister. Chaque être vivant exécute exactement ce qu’il doit accomplir et ce faisant il participe à quelque chose comme « l’ordre du monde ».
Une amie que j’affectionne pour sa singularité vit dans la Péninsule de Nicoya depuis de nombreuses années, dans une jungle près de la mer. De gros deuils l’ont accablée dans les dernières années. Elle a pris quelques mois de pause après des années riches en défis de toutes sortes.
Moi : « Et comment occupes-tu ton temps, ma belle hyperactive ? »
Elle : « … je ne fais rien. Je m’assois sur la terrasse et je regarde les singes jouer. Je regarde les arbres. J’écoute les oiseaux. Et je vais prendre des marches sur la plage. J’attends que quelque chose vienne d’en dedans. Je ne veux pas qu’on m’offre quelque chose, je veux aller vers quelque chose. »
On a pas tous la possibilité de prendre quelques mois pour exister en dehors des fonctions que l’on nous attribue ou qu’on incarne, mais on peut certainement se donner quelques minutes par jour pour faire les iguanes sur notre rocher (eh! misère! que je ne peux plus m’enlever cette image de la tête sur mon coussin de méditation…). Ce n’est pas de la paresse, c’est l’exact contraire de la fuite. Un espace pour respirer, récupérer, s’entendre penser, laisser notre corps et notre esprit intégrer ce qui change, pour aller vers ce qui nous chante.
Le repos n’est pas un frein au rétablissement – il en fait partie.
À bientôt,
Caroline
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